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Lettre ouverte – Rond point de la colère , les feux ne sont pas éteints, nous pouvons revenir !

 

 

 

Lettre ouverte

Rond point de la colère

Les feux ne sont pas éteints, nous pouvons revenir !

Mesdames, Messieurs

Ces derniers mois, la colère paysanne a marqué le désarroi de tout un secteur économique porteur de la vitalité de nos territoires ruraux face aux manques de considération et d’ambition de l’Etat. Ce mouvement traduisait un malaise profond et un besoin de réponses claires et rapides. Il se caractérisait notamment pour la région Bretagne par 4 lignes rouges :

(1) Les prairies permanentes : l’interdiction de retournement est levée. Les éleveurs pourront donc choisir leur assolement en cohérence avec leur projet d’entreprise pour 2024. Cette victoire doit se confirmer dans le long terme au travers de la prise en compte de l’évolution de nos pratiques agricoles dans la prochaine PAC. L’objectif n’est pas de détruire des prairies mais de construire des systèmes cohérents et de ne pas entraver l’autonomie décisionnelle des porteurs de projets.

(2) Les soutiens aux évolutions de pratiques, MAEC (Mesures Agro-Environnementales et Climatiques) et agriculture biologique : Ces soutiens sont nécessaires pour tenir compte du coût des changements de pratique et de la prise de risque. Non répercutables sur le prix de vente, ils font l’objet d’un contrat entre l’Etat et l’Agriculteur. Aujourd’hui, seuls les éleveurs respectent leurs contrats assumant seuls la prise en charge des coûts. Depuis le début de l’année, le paiement est régulièrement reporté par l’état faute d’opérationnalité du logiciel ! Cette situation met en péril l’équilibre économique de nos entreprises, bovines et AB en particulier, dont les marges de manœuvre sont plus serrées au regard du marché tendu. Pire, on demande à ces structures de contracter des prêts courts termes, à des taux exorbitants, pour compenser les manquements de l’Etat : inacceptable ! On nous annonce fin juin au plus
tard. L’engagement sera-t-il tenu ?

(3) Le soutien à la filière volaille : La durée, excessive, des vides sanitaires reste d’actualité et met là aussi en péril la viabilité économique des éleveurs concernés. La mise en place de quotas d’importation ukrainiens n’a apporté qu’une réponse partielle puisqu’elle est aujourd’hui contournée par une délocalisation des financiers pseudos ukrainiens en Croatie. Preuve que la solidarité nationale pour la guerre en Ukraine n’aidait pas les Ukrainiens ! Une nouvelle fois, on sacrifie nos élevages familiaux au profit d’intérêts financiers opaques : inentendable !

(4) La visibilité et sécurité pour les projets d’entreprises : ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) : Cette visibilité et cette sécurité devaient être une des lignes fortes de la projet de loi d’orientation agricole. L’Etat allait montrer sa véritable ambition. Alors que l’examen de la loi est en cours, les engagements de l’Etat sont loin du compte. Le changement de paradigme quant à la protection de nos projets, la visibilité, la sécurité sont absents. Au contraire, un millefeuille administratif et dogmatique imposé à nos exploitations familiales alors même que la Croatie va démultiplier sa production dans un cadre réglementaire bien loin de nos exigences. L’hypocrisie continue !

Dans ce contexte, la colère ne peut pas retomber ! Les stigmates de l’hiver dernier, ces pneus abandonnés, ne sont que la marque visible de notre lassitude et de notre ras-le-bol d’attendre des actes forts de la part de l’Etat.

Autant nous pouvons entendre le désagrément quant à l’image de ces stigmates de la colère, autant nous ne pouvons comprendre le laisser-faire et l’inaction de l’Etat. De ce fait, la colère n’est pas retombée, nous pouvons revenir car les éleveurs costarmoricains ont à cœur de faire vivre leurs territoires en produisant, encore demain une alimentation saine et de qualité comme ils le font déjà aujourd’hui.

Monsieur le Président, oui, on doit se réjouir du Choose France*. Mais des Hommes et des Femmes en Côtes d’Armor demandent simplement de pouvoir vivre, s’épanouir dans leur activité d’agriculture et d’élevage, créer de la richesse pour leurs territoires, prendre en main les défis d’aujourd’hui et de demain. Pour cela, nul besoin de capitaux et d’investisseurs étrangers. Mais un cadre lisible et équitable qui encourage l’innovation et la prise de risque, qui reconnaisse et respecte la liberté d’entreprendre, qui stimule et décuple le Faire France. Les agriculteurs (trices) sont des hommes, femmes de l’action, alors ne cautionnons pas l’inaction et les délocalisations.

Syndicalement,
La FDSEA et les JA des Côtes d’Armor

 

* Instauré par le Président Emmanuel Macron, Choose France vise à présenter et expliquer aux grandes entreprises internationales les réformes menées pour favoriser l’activité économique de notre territoire. Cette stratégie a fait de la France le pays le plus attractif d’Europe !